Bonjour !
Nous sommes des élèves qui habitons à Tétouan et nous étudions à l’Institut français. Samedi 22 octobre, nous avons assisté au spectacle de hip-hop de la compagnie « Pockemon Crew » à la Maison de la Culture à Tétouan. Ce groupe se compose de 30 danseurs et ils viennent de France, plus exactement de Lyon. La compagnie a été créée en 1999. Le directeur Artistique s’appelle Riyad Fghani. Elle s’est fondée sur l’amour du hip-hop, et sur l’idée de partager leur savoir et leur technique. Le spectacle « Silence on tourne » fait intervenir 8 danseurs, sur le thème du cinéma des années 30-40. Les costumes sont classiques, et on trouve de nombreux éléments de décor, comme les rails, les projecteurs, l’écran, des bandes de pellicule. L'un des danseurs, Willy, nous a gentiment accordé de son temps pour répondre à quelques questions...
1. A quel âge avez –vous commencé à danser ?
J’ai commencé
à 18-19 ans.
C’est quoi pour vous le secret de la danse ?
Le secret de la danse c’est d’être libre, d’être libre de ce qu’on peut faire de ses mouvements, de son corps, d’exploiter au maximum ses capacités. Enfin, pour moi c’est ça.
Pourquoi avez-vous choisi le hip hop, qu’est-ce que vous préférez dans
ce style?
Ma réponse va rejoindre un peu la précédente : c’est qu’on est libre en fait. On est vraiment libre de nos mouvements, de s’exprimer de la façon qu’on veut… Il y a plusieurs spécialités, on peut mélanger, varier les styles, c’est vraiment une danse, pour ma part, où je me sens vraiment épanoui et où je peux m’exprimer vraiment. Et j’ai choisi le hip-hop pour ça. Je suis né dans cette culture, et je m’y sens bien… Tout en m’ouvrant aussi à d’autres cultures.
Quel autre style de danse vous aimez, à part le hip hop ?
J’aime bien les claquettes, le modern-jazz, la danse africaine, les danses un peu traditionnelles, les danses anciennes.
…et vous pratiquez ?
Je vais pas dire que je pratique, je vais dire que je m’inspire. Je puise un peu les pas, l’énergie, les différents styles en dehors du hip-hop. Je m’inspire de cette énergie, de ces steps pour enrichir ma danse.
Quels styles vous utilisez dans votre danse ?
Un mélange de plusieurs styles. Comme je l’ai dit, j’utilise le hip-hop, un peu de house… On me confond souvent avec un danseur de house (rires). Et j’utilise les claquettes, le dance-hall, et tout ça pour l’attitude, les danses un peu latines, tout ça…
Donc ça c’est votre style de danse personnel, et le style de la compagnie vous le définiriez comment ?
On est connus pour notre style technique, acrobatique. C’est la signature Pockemon. On aime la prise de risques, et les défis techniques.
Quelles sont les valeurs et les objectifs de la compagnie ?
C’est de partager un maximum notre expérience à tous ceux qui veulent et qui peuvent… partager notre savoir afin d’aider les futures générations à évoluer et à progresser dans de bonnes conditions.
Et pour ça vous faites des ateliers pendant vos tournées ?
Oui, on fait beaucoup d’ateliers et même sans ça on aime énormément échanger avec les danseurs. Rencontrer les danseurs locaux on adore ça : passer du temps avec eux, voir un peu comment ils sont… et si on peut leur apporter quelque chose et des conseils, c’est avec grand plaisir.
Est-ce que c’est votre première visite au Maroc ? Quelles sont vos
impressions et qu’est-ce que vous avez aimé ou pas aimé ?
Euh, il y a pas grand-chose que j’ai pas aimé, en fait (rires). Pour ma part c’est la première fois que je viens au Maroc. J’ai fait pas mal de pays et franchement, c’est pas parce que je suis ici que je vais dire ça mais c’est là que j’ai trouvé le meilleur accueil. Les gens sont très accueillants, très chaleureux, ils sont ouverts, et j’ai vraiment aimé ça. J’ai vraiment tout apprécié, les gens, la culture, la nourriture ben (rires)… c’est magique.
Qu’est-ce que vous avez visité depuis trois semaines ?
On a visité les ruines à Volubilis… c’était magnifique je m’attendais pas à un lieu pareil. On est partis dans un village parce qu’on a un danseur qui vient d’ici, de Meknès. Donc on a visité son village qui est une ville sainte. On fait un peu de culture, on apprend à découvrir le pays... Je suis passé par Casa aussi, encore une fois je suis allé avec ce danseur qui m’a invité dans sa famille. J’ai visité Casa, les quartiers, la grande ville, la mosquée qui est vraiment magnifique… On essaye de visiter les lieux emblématiques des villes et du pays.
Est-ce que vous préparez un
nouveau spectacle ?
Oui, alors là on est sur la fin. C’est un nouveau spectacle qui s’appelle « Hashtag ». On a déjà présenté deux extraits de vingt minutes, à Lyon en France. Notre objectif c’est de faire 1h de spectacle. Certains des danseurs de « Silence, on tourne ! » sont dans « Hashtag » et vont rentrer en résidence afin de boucler le spectacle.
Pourquoi avoir choisi le nom
« Pockemon Crew » ?
(rires) Alors « Pockemon » ça part d’un délire en fait. En 98-99, quand les anciens ont créé le groupe, à Lyon il y avait beaucoup de groupes qui se prenaient trop à l’américaine, si je puis dire : « City breaker »… des noms un peu américains. Nous on s’est dit, on vient de France, on va pas utiliser un nom américain. Et il y a le dessin animé « Pokemons » qui est sorti. On a trouvé que ça nous ressemblait un peu, on a pris ce nom pour rigoler au début. Et en faisant une compétition, ça a marqué les gens, ils ont retenu. Et de là on s’est dit, pourquoi pas garder le nom de « Pockemon ».
Est-ce que danser, c’était le rêve de votre vie, depuis le début ?
Alors pas du tout. Petit, je pensais pas du tout finir là-dedans. D’ailleurs, pour l’anecdote, petit, quand on me parlait de break-dance moi je croyais que c’était de la moto-cross, rien à voir… (rires) j’étais vraiment hors-sujet. Non, j’ai fait du vélo, du roller, du basket, et je suis tombé vraiment par hasard dedans et… j’ai jamais lâché. Mais à la base non, je pensais vraiment pas que j’allais finir danseur de hip-hop. C’est vraiment en découvrant l’ambiance, l’atmosphère qui y régnait… savoir aussi que je pouvais voyager, découvrir du pays ça aussi ça m’a intéressé. Je me suis dit qu’avec la danse si je pouvais me perfectionner j’aurais la chance de découvrir du pays et ça a été une des options qui m’a fait pencher pour y aller.
Quels styles d’habits vous avez
déjà portés dans vos spectacles ?
Au début on portait des habits assez classiques. Et après on a essayé d’évoluer… mais ça dépend du thème du spectacle. Par exemple pour « Silence, on tourne ! » c’est une dédicace au cinéma des années 20 à 60, donc on a emprunté le style vestimentaire de ces années-là. Donc les pantalons un peu à l’ancienne qui remontent, avec les chemises, les petits gilets, les bretelles… « Hashtag » c’est un thème un peu plus libre, ça parle des générations d’aujourd’hui. Donc les vêtements sont colorés et plus modernes. J’ai adoré le tout premier spectacle qui s’appelait « Sii…si ! » : on était habillés tout en noir, on avait une tenue réversible, avec des parties des jambes, des bras ou de la tête qui étaient blancs pour être réfléchissants. On avait des lumières qui s’appellent des « black lights » et avec le blanc ça devenait fluo. Et on jouait sur ces ombres, ces lumières… donc là oui on avait une combinaison un peu atypique (rires)
A votre avis, le hip-hop est particulièrement vivant ?
Pour ma part oui, je le trouve très vivant. Pas assez ouvert mais très vivant. C’est notre moyen d’expression. Moi je suis quelqu’un à la base qui est timide, je me suis jamais dit « je vais monter sur scène avec plein de monde et danser devant les gens », ça c’était impossible au début. Et aujourd’hui je suis là donc ouais, je pense que c’est un truc vivant et qui apporte, qui enrichit.
Et dans quelle ville ou région du monde vous avez senti que le hip-hop
était vraiment très développé ?
Une partie du monde qui m’a vraiment marquée, parce qu’ils ont commencé le hip-hop tard, c’est la Corée. Ils ont commencé vraiment après, et au jour d’aujourd’hui ils sont plus loin que tout le monde. Il faut dire qu’ils ont les moyens aussi : le pays est développé, ils ont les infrastructures, ils peuvent investir dedans… et c’est ça qui a aidé aussi. Maintenant on trouve du break en Corée dans les programmes scolaires, dans le cinéma… les danseurs qui ont percé là-bas c’est vraiment des stars chez eux, quoi. Mais comme je disais c’est aussi parce que les conditions du pays le permettent.
Pourtant le hip-hop ça vient de la rue à la base, on a besoin de rien…
Oui… parce que là je parlais de développement, d’infrastructures… mais après, c’est là où j’allais en venir, il y a des pays du tiers-monde en Afrique, ou même ici, en Asie aussi, aux Philippines, dans des pays où ils ont moins de moyens, on a vu des danseurs mais c’était des extraterrestres quoi ! Parce que justement, là c’est l’inverse, comme ils ont pas les structures et l’aide pour, ils donnent vraiment tout pour se sortir de là. Et c’est là vraiment où c’est le plus valorisant et enrichissant pour eux.
Propos reccueillis par Nada, Amir, Nihal et Zaïd.
La bande annonce de "Silence on tourne" :
Un avant-goût de "Hashtag", le prochain spectacle :
Bon courage
RépondreSupprimerC'est merveilleux
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerSuper article !
RépondreSupprimerMerci aux apprenants de Tetouan pour cette belle contribution !
Continuez !
A bientôt !
Elodie DM
Coordinatrice Tanger